samedi 31 janvier 2015

31 janvier 1915 - Bataille de Bolimów

Bataille de Bolimów : attaque allemande d'envergure en Pologne afin de briser le saillant russe. Il s'agit de la première attaque par gaz toxiques : les Allemands envoient 18000 obus à gaz sur les lignes russes, mais le froid est tel que celui-ci gèle et ne fait quasiment pas de victimes. Les Russes profitent de cet échec pour lancer une contre-attaque, mais l'artillerie allemande les repousse avec 40000 morts, les Allemands en déplorant deux fois moins. Comme la plupart des combats sur le front russe dans cette période, cette bataille se termine donc sans résultat probant, mais elle fait partie de plan plus général pour tenter de pousser la Russie hors de la guerre. Les Ottomans occupent les îles Farasan, en mer Rouge. Les défenseurs britanniques du canal de Suez se préparent à recevoir l'attaque. Les Français annoncent qu'ils participeront aux opérations navales contre les Dardanelles, avec une flotte comprenant notamment quatre cuirassés.

Reconstitution de la bataille de Bolimów en 2011, permettant d'observer les embryons de masques à gaz (de simples tampons) prévus par les Allemands. © http://pawelpisarski.pl

vendredi 30 janvier 2015

30 janvier 1915 - Fin de la rébellion Maritz

En Afrique du Sud, les derniers combattants de la rébellion Maritz se rendent, celle-ci est terminée. L'amirauté britannique conseille aux navires marchands britanniques d'éviter les bâtiments neutres ou sans pavillon, tandis qu'un sous-marin allemand coule quatre bâtiments de commerce au large du Lancashire.

Une représentation artistique de l'attaque du sous-marin U-21 sur le Linda Blanche, un vapeur britannique. Le dessinateur, allemand, a représenté l'équipage du sous-marin en train de secourir les passagers, une procédure loin d'être toujours appliquée concrètement. Willy Stöwer, Kaperung und Versenkung des englischen Handelsdampfer Linda Blanche, 1915 ; domaine public.

jeudi 29 janvier 2015

29 janvier 1915 - Walney Island

Violente attaque allemande dans l'Argonne, qui ne produit pas de résultat important. Première incursion d'un sous-marin allemand en mer d'Irlande. Celui-ci bombarde une batterie sur Walney Island. Le soldat Jules Émile Chipaux, du 42e RI, est fusillé dans l'Aisne.

Le terrain vu du côté allemand après l'attaque en Argonne, secteur de la 27e division d'infanterie allemande. © http://argonne1418.com

mercredi 28 janvier 2015

28 janvier 1915 - Crapouillot

Première utilisation du crapouillot dans les tranchées de l'Argonne. Un croiseur auxiliaire allemand coule un bâtiment américain. Le gouvernement britannique prend la décision définitive de mener une attaque navale sur les Dardanelles, avec la flotte de la Méditerranée.

Un crapouillot (mortier de 58 mm), avec son obus. Conçus pour effectuer un tir courbe et pouvoir toucher l'intérieur de la tranchée adverse, ils tirent des projectiles de 18 à 35 kg. 2500 unités étaient recensées dans l'armée française au 1er janvier 1918, sans compter ceux distribués à la Serbie ou aux Etats-Unis, et on en trouvera encore en dotation jusqu'en 1940. AlfvanBeem, domaine public.

mardi 27 janvier 2015

27 janvier 1915 - Balschwiller

Les combat se poursuivent sur l'ensemble des fronts : en France, particulièrement dans l'Argonne et dans les Vosges, mais aussi en Russie, et par intermittence en Arménie.

Le village de Balschwiller (et non Balswiller comme orthographié sur la carte), dans le Haut-Rhin a reçu des obus de 210 mm le 27 janvier, dont l'un a détruit cette maison. Bien que toujours habité, il est situé très près de la ligne de front puisque, d'après la légende, on aperçoit une position tenue par les Allemands dans le fond. Gallica, domaine public.

lundi 26 janvier 2015

26 janvier 1915 - Fin de la révolte Chilembwe

Les Ottomans commencent leur marche d'approche dans le Sinaï. Au Nyasaland, les rebelles de Chilembwe attaquent et brûlent une mission catholique puis disparaissent vers la colonie portugaise voisine, pour une grande part déguisés en civils. Quand les forces gouvernementales arrivent, il n'y a plus personne et la rébellion s'est éteinte d'elle-même. Dans les jours suivants, ceux-ci brûlent l'église de Chilembwe, capturent environ 300 personnes et en pendent 40. Chilembwe lui-même sera abattu par une patrouille de police quelques jours plus tard. Le gouvernement exerce une répression poussée, en brûlant des huttes et des églises et en levant une taxe sur les régions touchées (peu importes l'allégeance des habitants). Toutefois, la révolte porte effectivement ses fruits et des réformes commencent à être entreprises, d'autant que la commission d'enquête conclut en 1916 que la principale cause de la révolte réside dans les mauvais traitement infligés à la population locale par les colons européens. Les progrès sont cependant très lents et la situation n'évolue au final pas significativement avant les années 1950. La France déclare qu'elle participera en cas d'opération britannique contre les Dardanelles.

Des partisans de Chilembwe sont emmenés en prison. Archives nationales du Malawi, domaine public.

dimanche 25 janvier 2015

25 janvier 1915 - Caverne du Dragon

Sur le plateau de Craonne, les Allemands prennent une ancienne carrière médiévale, qui leur permet de s'aménager un poste avancé à 80 mètres au-dessus des lignes françaises. Ils entreprennent de la transformer en ce qui deviendra la "Caverne du Dragon" pendant la bataille du Chemin des Dames en 1917, le nom provenant des jets de lances-flammes projetés par les ouvertures pendant les combats. Un régiment ottoman est aperçu s'approchant de Qantara, au Nord du canal de Suez. Au Nyasaland, Chilembwe s'est retranché derrière une rivière pour attendre les forces gouvernementales. Celles-ci ne parviennent pas à l'en déloger, mais ne déplorent que deux morts contre une vingtaine chez les rebelles. La Roumanie refuse les proposition de l'Entente de venir en aide à la Serbie.

Une vue de l'intérieur de la Caverne du Dragon, actuellement transformée en musée. Les Allemands y amènent l'électricité, le téléphone, creusent un puits et aménagent une chapelle. Ils relient également la caverne à leurs lignes arrières via un tunnel, permettant d'apporter rapidement et en sécurité approvisionnements et renforts, tout en évacuant les blessés. Poudou99, domaine public.

samedi 24 janvier 2015

24 janvier 1915 - Bataille de Dogger Bank

En Afrique du Sud, les forces de la rébellion Maritz lancent une dernière attaque, sur Upington. Au Nyasaland, la révolte Chilembwe s'essouffle déjà : ceux-ci ne tentent aucune action ce jour-là, le mouvement ne prend pas dans la population, et les Britanniques appellent des renforts. Bataille de Dogger Bank : les Allemands lancent un nouveau raid maritime sur les côtes anglaises, avec une force très importante comprenant en particulier quatre croiseurs de bataille. Cette fois, les Britanniques apprennent l'opération en interceptant une communication radio, et envoie à leur rencontre une force plus importante encore (presque une cinquantaine de bâtiments), basée à Scapa Flow. Les deux flottes se rencontrent sur le Dogger Bank, en mer du Nord, et les Allemands prennent la fuite, parvenant seulement à endommager le croiseur britannique Lion. Les Britanniques, mieux armés et plus rapides, parviennent eux à endommager les croiseurs de bataille Seydlitz et Blücher. Ce dernier est immobilisé et coule sur place, tandis que le reste de la flotte tente de fuir. Les Britanniques auraient pu les rattraper, mais une erreur de transmission des ordres par drapeaux leur fait perdre du temps, et leur adversaire leur échappe. Les Britanniques ont ainsi stoppé pour un temps les raids allemands sur leurs côtes, mais ils ne font rien pour remédier aux carences que ce combat a mis en lumière dans leur propre flotte : outre les problèmes inhérents à la transmission des ordres, moins de 10% de leurs obus ont touché leur objectif...

Le croiseur de bataille allemand SMS Blücher en train de couler. La photo est prise depuis le croiseur britannique HMS Arethusa. International Film Service, domaine public.

vendredi 23 janvier 2015

23 janvier 1915 - Révolte Chilembwe

Début de la révolte Chilembwe au Nyasaland britannique (actuel Malawi), préparée depuis fin 1914. John Chilembwe, un pasteur millénariste noir éduqué aux Etats-Unis, déclenche une révolte parmi la classe moyenne d'origine africaine contre le système colonial européen. Les révoltés sont une centaine et savent qu'ils se feront certainement tuer, mais espèrent ainsi attirer l'attention sur leurs droits. Concrètement, trois colons en train de dîner ainsi qu'un travailleur noir sont tués dans une plantation, les rebelles mettant la main sur deux fusils Mauser. Ils attaquent ensuite un dépôt d'armes et capturent cinq fusils supplémentaires avant d'en être chassés.

Les fidèles de la Providence Industrial Mission devant leur église. Le révérend John Chilembwe est assis au premier plan à l'extrême-gauche. La photographie n'est pas datée. Archives nationales du Malawi, domaine public.

jeudi 22 janvier 2015

22 janvier 1915 - Unterer Rehfelsen

Les chasseurs défendant le Hartmannswillerkopf finissent par se rendre, ayant perdu les deux tiers d'un effectif déjà réduit. Les Allemands, sidérés de ne trouver en face d'eux qu'une poignée de défenseurs qui les bloquent depuis trois jours, les autorisent à défiler dans Mulhouse le fusil à l'épaule. On compte un millier de morts de chaque côté, et les Allemands contrôlent maintenant le sommet ; toutefois la bataille est loin d'être terminée, et les deux camps commencent alors à s'organiser, taillant des abris dans les rochers et construisant des routes pour gravir la montagne. Les Allemands bombardent Dunkerque, et les Britanniques Zeebrugge.

Le Unterer Rehfelsen, une position fortifiée allemande sur l'Hartmannswillerkopf. Constituée de trois étages en grande partie taillés dans le rocher, elle fut encerclée en mars, pilonnée puis attaquée pendant 70 heures d'affilée, mais résista et resta allemande pendant toute la guerre. Florival, domaine public.

mercredi 21 janvier 2015

21 janvier 1915 - Minenwerfer

L'attaque française reprend au Hartmannswillerkopf. Les chasseurs sont pour beaucoup des montagnards habitués à évoluer dans des montagnes enneigées, mais les Allemands écrasent le sommet sous les obus de minenwerfer, faisant sauter leur dépôt de munition. Offensive russe dans les Carpates. Von Hohenborn succède à von Falkenhayn comme ministre de la guerre, même si ce dernier reste le chef de l’État-major. Edouard Joseph André, soldat au 24e RI, est fusillé à Berry-au-Bac.

Des officiers britanniques s'entraînent sur des mitrailleuses Vickers, le 21 janvier, dans une école militaire à Hythe, dans le Kant. © http://www.1914-1918.net

mardi 20 janvier 2015

20 janvier 1915 - Contre-attaque au Hartmannswillerkopf

Des renforts français sont arrivés au Hartmannswillerkopf et essaient de contre-attaquer, mais les Allemands se sont enterrés depuis la veille et cette attaque échoue.

Un schéma de la position du Hartmannswillerkopf, ou Vieil-Armand, avant l'attaque allemande. © http://tim-slater.blogspot.fr

lundi 19 janvier 2015

19 janvier 1915 - Victoire à la Pyrrhus

Les Allemands lancent un assaut massif sur la position française du Hartmannswillerkopf, dans les Vosges. Les Français qui occupent le sommet sont encerclés et ne peuvent être secourus, mais les Allemands n'arrivent pas non plus à prendre la place. Une autre attaque allemande se déroule dans la vallée de Munster, incitant le commandement français à rappeler les réserves au repos. A Jassin, les Britanniques comptaient continuer à défendre leur position, mais les Allemands recommencent à pilonner, et pour épargner la vie des rescapés ils capitulent à 8h. C'est une victoire à la Pyrrhus pour les Allemands : ils ont perdu presque autant d'hommes que les Britanniques (une petite centaine), ont utilisé beaucoup de munitions, et ont surtout perdu sept officiers expérimentés qu'ils ne peuvent pas remplacer. A partir de ce moment, ils cesseront les combats conventionnels pour utiliser des tactiques de guérilla. Pour la première fois, un Zeppelin bombarde des civils en Grande-Bretagne, à Yarmouth.

Une maison ayant reçu une des bombes du Zeppelin à Yarmouth. © http://static.euronews.com

dimanche 18 janvier 2015

18 janvier 1915 - Bataille de Jassin

En Afrique orientale, les Allemands déclenchent une attaque sur la ville de Jassin, située sur leur territoire mais occupée par 300 indiens depuis novembre 1914. Les Allemands ont eux prévu 2000 soldats, 23 mitrailleuses et 4 canons. Après s'être mis en position sans se faire repérer, ils attaquent à 5h, mais les indiens résistent bien malgré les nombreuses positions inoccupées. Alors que les Allemands prennent les premiers bâtiments à 9h, les Britanniques tirent une fusée de détresse à destination d'une garnison située à quelque distance, qui envoie 800 hommes en renfort. Toutefois, à 10h Jassin est encerclée, et les combats se déroulent au corps-à-corps toute la journée, quasiment selon des tactiques de guérilla, l'environnement étant urbain et les Allemands commençant à manquer de munitions. Le Japon fait parvenir à la Chine les "Vingt et une demandes", une sorte d'ultimatum visant à faire de la Chine un protectorat japonais, mais sans date butoir : les Chinois n'y répondront qu'en avril.

Deux officiers allemands en Afrique orientale, en 1907. © http://charlesmccain.com

samedi 17 janvier 2015

17 janvier 1915 - Fin des combats à Sarikamish

Les derniers restes d'unités ottomanes dans les bois autour de Sarikamish sont débusqués par les Russes, ce qui signe la fin des combats. Les Russes n'ont plus rien à craindre sur ce front pendant un long moment, et les Ottomans n'auraient même pas grand chose à leur opposer s'ils décidaient d'attaquer. Il est difficile d'évaluer les pertes ; les deux armées ont engagé environ 100000 hommes, les Ottomans en ont perdu la moitié (dont une bonne partie par le froid et une épidémie de typhus), et les Russes un tiers (là encore avec un tiers des pertes dues au froid).

Une illustration du principe des mines parue le 17 janvier. La véritable "guerre des mines", notamment à Vauquois, ne commencera que dans quelques mois, aussi l'installation présentée reste-t-elle très sommaire et limitée. On note également le périscope dans la tranchée allemande. Le Miroir, 17 janvier 1915. © http://guy.joly1.free.fr

vendredi 16 janvier 2015

16 janvier 1915 - Tireur d'élite

Des combats habituels se poursuivent sur tous les fronts, en France, en Russie et dans le Caucase.

Un tireur d'élite allemand. La photographie n'est pas datée, mais la présence d'un casque à pointe la situe avant fin janvier 1916. © http://ww1.crayfordhistory.co.uk

jeudi 15 janvier 2015

15 janvier 1915 - A travers le Sinaï

Joffre met fin à l'offensive en Champagne. Il impute son échec à un manque d'artillerie et d'infanterie, bien que des échelons inférieurs de la hiérarchie parviennent des rapports soulignant l'inutilité des grandes attaques de ce type. Les pertes sont difficiles à évaluer, mais on peut les estimer à environ 10000 français pour 50000 allemands Une armée ottomane traverse le Sinaï en vue d'une attaque sur le canal de Suez. Celle-ci comprend 25000 hommes, les Britanniques en alignant à peu près autant le long du canal. Il n'y a que trois routes pour atteindre le canal depuis l'Est : deux côtières, qui laisseraient les soldats sous le feu des navires britanniques, et la dernière qu'ils sont de fait contraints d'emprunter, avec peu de points d'eau, en plein désert. Le soldat Mardochée Louis Lévy est fusillé à Maizy, dans l'Aisne.

L'empereur Guillaume II le 15 janvier. Celui-ci compare les combats de Crouy, qui se sont finis la veille, à la victoire prussienne majeure de Saint-Privat (ou Gravelotte) de 1870, même s'il n'y a manifestement pas de quoi. Library of Congress, domaine public.

mercredi 14 janvier 2015

14 janvier 1915 - Stabilisation

Stabilisation de la situation à Crouy : les unités restées bloquées sur la rive Nord de l'Aisne forment une ligne défensive autour de Soissons que les Allemands ne parviennent pas à percer. Les Français ont reculé d'un peu moins de 2 km, sur une largeur de 4,5 km. Les Allemands célèbrent une grande victoire (ils ont capturé 5000 hommes et 14 canons), mais celle-ci reste en réalité très limitée, puisqu'ils n'ont même pas pris Soissons et encore moins percé le front. En Afrique du Sud, les Britanniques prennent Swakof-Mund, en Afrique occidentale allemande.

Les ruines de Crouy après la bataille. © http://chtimiste.com

mardi 13 janvier 2015

13 janvier 1915 - Séisme

A Crouy, la contre-attaque n'a pas beaucoup de succès, mais arrive à ralentir suffisamment les Allemands pour faire sauter les derniers ponts sur l'Aisne devant eux. Cependant, il n'a pas été possible d'évacuer toutes les troupes de la rive Nord : certains essaient sans succès de traverser à la nage, mais les autres restent bloqués pour l'instant, sans possibilité de fuite ou de renfort. En Afrique du Sud, les rebelles de Maritz s'avancent une dernière fois vers le Sud du pays. Le Conseil Britannique demande à l'Amirauté de préparer une action contre les Dardanelles pour février. Un séisme à Avezzano, en Italie, fait 30000 victimes.

La Via Napoli à Avezzano, après le tremblement de terre. Cette région est particulièrement sismique, le dernier remontant à 1908 avec des conséquences similaires. A Avezzano, l'épicentre, 96% des habitants sont morts sur le coup, mais la secousse a été ressentie dans toute l'Italie centrale et méridionale. Le pays n'a pas accepté d'aide internationale à cause de la guerre, et un effort national s'est rapidement mis en place. Scribner's Magazine, 57, p.423 ; domaine public.

lundi 12 janvier 2015

12 janvier 1915 - Obus empoisonnés

La situation à Crouy est critique : les Allemands contre-attaquent, et les Français sont coupés de leurs lignes de ravitaillement par la crue de l'Aisne. Il ne reste plus qu'un pont en dur à Soissons pour passer, et la retraite s'organise par échelon, les artilleurs faisant feu en tir direct sur les troupes allemandes, lorsqu'ils ont encore des munitions. Une contre-attaque avec deux divisions, confiée à Nivelle, est montée un peu plus loin pour stopper l'avancée allemande. Le bruit court à Paris que les Allemands auraient utilisé des obus empoisonnés. Il n'est pas encore question de gaz de combat à l'époque : seules des grenades et obus au gaz lacrymogène étaient employés, depuis août 1914.

Extrait du Journal du 60e régiment d'infanterie, en première ligne à Crouy. Ce passage relate le bombardement d'artillerie allemand qui précède l'attaque, entre 7h30 et 8h30. Le roman autobiographique Le feu, d'Henri Barbusse, est dédié aux hommes tombés lors de ce combat. Directement inspiré des notes prises par l'auteur dans son carnet, il sera publié à partir d'août 1916 sous forme de feuilleton, son réalisme provoquant l'enthousiasme des soldats et les protestations des civils. © http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr

dimanche 11 janvier 2015

11 janvier 1915 - Mafia Island

A Crouy, les français ont pris fermement position dans les tranchées allemandes capturées, que l'artillerie allemande bombarde sans succès. Toutefois, dans la nuit, les puits torrentielles font déborder l'Aisne et arrachent les ponts de bateaux qui reliaient la tête de pont, sur la rive Nord, à l'arrière. Dans le Caucase, l'armée ottomane atteint enfin ses positions de repli après quatre jours de marche. Pour aggraver la situation, les bateaux devant leur apporter des renforts et du ravitaillement sont coulés par une escadre russe dans la Mer Noire. A Mafia Island, les Britanniques repèrent les Allemands à 9h. Ceux-ci se rendent après 4h de combat ; l'affrontement fait trois morts en tout. Les Britanniques se serviront à terme de l'île pour installer une petite base d'aviation.

Carte actuelle de la côte tanzanienne. Mafia Island (de l'arabe "morfiyeh", "archipel", ou du kiswahili "mahali pa afya", "endroit sain") est située juste à l'embouchure de la rivière Rufiji, où s'est réfugié le Königsberg. Domaine public.

samedi 10 janvier 2015

10 janvier 1915 - Rationnement

A Crouy, les Français prennent deux lignes allemandes, et s'enfoncent même plus loin par endroit. Ils se retrouvent cernés et, faute de retraiter, se font massacrer sur place. En Allemagne, von Moltke remet à l'Empereur un rapport sur la situation économique du pays, très préoccupante. Des mesures de rationnement drastiques sont lancées en conséquence. Des mouvement ottomans sont observés sur le canal de Suez. 16 avions allemands tentent d'aller bombarder l'Angleterre, mais ils se perdent dans le brouillard et larguent finalement leurs bombes sur Dunkerque.

Les soldats du 11e bataillon d'infanterie australien posent sur la Grande Pyramide de Gizey le 10 janvier 1915. Australian War Memorial, domaine public.

vendredi 9 janvier 2015

09 janvier 1915 - Fin de l'offensive de Champagne

En Champagne, une contre-attaque française emporte de manière définitive des positions allemandes, mais il n'y a aucun moyen d'avancer plus loin. Les troupes sont épuisées et il n'y a presque plus de munitions, aussi l'offensive cesse concrètement à partir de cette date. Duel d'artillerie à Crouy, afin de briser les défenses allemandes. En Alsace, les Allemands lancent une action assez importante sur le Hartmannswillerkopf ; les Français parviennent à les repousser mais décident de perfectionner les défenses du sommet. Les commandants ottomans dans le Caucase quittent le front est retournent à Istanbul, l'offensive ayant été un échec complet.

Par endroits, la trêve de Noël s'est poursuivie pour le Nouvel an et même un peu après. Ici, des soldats britanniques et allemands sont photographiés ensemble le 9 janvier 1915. © http://www.theguardian.com/

jeudi 8 janvier 2015

08 janvier 1915 - Attaque sur Crouy

Dernière action d'importance en Champagne et en Argonne : après de lourdes préparations d'artillerie, des attaques allemandes emportent des positions françaises, qu'il faudra toute la journée pour reprendre. Par contre, une attaque française importante est lancée à Crouy, dans le secteur de Soissons. Les tirailleurs marocains bousculent les Allemands. L'action prend place au niveau d'une tête de pont sur la rive Nord de l'Aisne, détail qui aura son importance par la suite. Les Britanniques commencent les opérations pour s'emparer de Mafia Island : il s'agit d'une île au large de l'Afrique orientale allemande, juste en face de la rivière Rufiji où s'est réfugié le Königsberg. Ils comptent s'en servir comme base pour les opérations visant à détruire ce bâtiment. Quelques compagnies débarquent à 6h30 sans heurt ; les défenseurs allemands de l'île ne sont pas plus d'une trentaine, dont une moitié de soldats de réserve et l'autre de policiers. Un rapport officiel français dénonce les crimes de guerre allemands depuis le début de la guerre.

La couverture du rapport sur les crimes de guerre allemands ; la commission chargée de l'enquête avait été instituée le 23 septembre 1914. On note l'emploi de la notion de "droit des gens", ancêtre de la notion de "droits de l'Homme" en droit international. © http://www.delcampe.net

mercredi 7 janvier 2015

07 janvier 1915 - Débat sur l'avortement

Le journal Le Matin publie le sermon d'un prêtre belge qui appelle les femmes violées par les allemands à avorter (aucunement par considération pour elles mais pour ne pas donner naissance à des enfants à moitié allemands), déclenchant ainsi un débat publique sur ce thème. Si l'avortement était relativement courant depuis le XIXe siècle quoique très risqué et illégal, c'est la première fois qu'il prenait la forme d'un débat public. L'Eglise et les catholiques convaincus maintinrent fermement leur position d'interdiction de l'avortement dans tous les cas, d'autant que l'histoire avait toutes les chances d'être inventée et qu'il était possible d'avancer qu'un prêtre n'aurait jamais prononcé un tel sermon ; l'opinion publique fut elle plus partagée, avec des débats violents. Face à l'agitation, le gouvernement finit par trancher le 16 février, en refusant l'avortement mais en prenant des mesures pour aider les mères en détresse. Louis Pardimène, soldat au 83e RI, est fusillé à Châlons-sur-Marne.

Un extrait du sermon du prêtre. L'article s'intitule "Pour la race !", le prêtre n'est pas nommé, pas plus que le village où il aurait prononcé son sermon. Le Matin, 7 janvier 1915, p.1.

mardi 6 janvier 2015

06 janvier 1915 - Déroute à Sarikamish

A Sarikamish, le quartier général ottoman lui-même est sous le feu de l'artillerie russe ; le commandement ottoman ordonne enfin la retraite générale. Trois divisions entières ont été faites prisonnières, avec plus d'une centaine d'officiers dont huit supérieurs. Suite à un appel du pape, les belligérants s'engagent à réaliser des échanges de prisonniers inaptes.

Une bande dessinée publiée dans le Western Mail du 6 janvier 1915. Celle-ci montre bien le fonctionnement de la propagande, ici alliée : il s'agit de démonter la propagande adverse, en présentant des "faits" même lorsque ceux-ci sont également de la propagande. De plus, il ne faut justement pas présenter le moindre élément concret sur la guerre : lors de l'attaque sur Westende, qui a eu lieu le 4 janvier, les Britanniques ont en réalité perdu un sous-marin avec tout son équipage, mais cet élément est absent de ce qui est présenté comme la propagande allemande. Western Mail, 6 janvier 1915 ; © http://www.cartoonww1.org

lundi 5 janvier 2015

05 janvier 1915 - Légion garibaldienne

Dans l'Argonne, quelques tranchées allemandes sont enlevées, notamment par la Légion garibaldienne italienne, mais pour être aussitôt reprises. Les Allemands attaquent Edea, au Cameroun, tenue par une garnison française qui les repousse. Foch prend le commandement du groupe d'armée Nord en France.

Des soldats italiens de la Légion garibaldienne le 5 janvier, dans une tranchée de première ligne au ravin des Meurissons, dans l'Argonne. Au premier plan à droite se trouve une entrée de mine. © http://argonne1418.com

dimanche 4 janvier 2015

04 janvier 1915 - Cyclistes

A Sarikamish, les Ottomans ne savent même plus précisément lesquelles de leurs troupes sont encore en vie.

Un détachement de cyclistes dans le secteur de Perthes-les-Hurlus. © http://activitesdefrancette.blogspot.fr/

samedi 3 janvier 2015

03 janvier 1915 - Aveuglement

A Sarikamish, aucune retraite n'est ordonnée car le commandement ottoman croît toujours la victoire possible. Pendant ce temps, les troupes essaient de survivre, et l'étau russe se resserre.

La maison du père Hilarion, dans le secteur du Bois-le-Prêtre, en Meurthe-et-Moselle. Certains témoignages prétendent que cette habitation se trouvait entre les lignes, et que les soldats des deux camps venaient chercher de l'eau à la fontaine la jouxtant, menant à des cas de fraternisation. Il semblerait toutefois que cette histoire soit fictive, et l'état général du lieu semble effectivement parfaitement incompatible avec une vue du no-man's-land... Photo prise le 9 décembre, publiée dans Le Miroir du 3 janvier 1915. Domaine public.

vendredi 2 janvier 2015

02 janvier 1915 - Nushan Sahagian

L'armée ottomane en Irak passe sous le commandement de Süleyman Askeri Bey. Celui-ci, réalisant que l'armée n'a aucune ressource supplémentaire à allouer à cette région, demande aux cheiks arabes de l'aider contre les Britanniques. A Sarikamish, les Ottomans sont à moitié encerclés, lourdement bombardés par les Russes, et trop faibles pour attaquer ; malgré les rapports de ses subordonnés, cela n'empêche pas leur général de vouloir encore lancer une offensive générale. Les Russes demandent tout de même à leurs alliés d'intervenir contre les Ottomans, pour ne pas avoir à envoyer trop de troupes dans le Caucase.

Nushan Sahagian, volontaire arménien de 13 ans dans l'armée ottomane, ayant gagné une médaille pour sa bravoure à Sarikamish. La photographie n'est pas datée. The New Armenia, 10, avril 1918. Domaine public.

jeudi 1 janvier 2015

01 janvier 1915 - Baroud d'honneur à Sarikamish

A Sarikamish, les Ottomans tentent une dernière attaque avec les unités qui le peuvent encore, avec des résultats catastrophiques : une division perd 40% de ses hommes dans une tempête de neige, et des unités entières sont faites prisonnières lorsqu'elles se retrouvent encerclées dans les lignes russes après avoir avancé. Le cuirassé britannique HMS Formidable, lancé en 1898, est torpillé dans la Manche par le sous-marin allemand U-24.

Des soldats russes devant les corps gelés de soldats ottomans, pendant la bataille de Sarikamish. La photographie n'est pas datée. Domaine public.